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Babeth


lundi 25 novembre 2013

TRISTE JOUR

Il fait beau et pourtant, l’air est glacial, à l’intérieur de la cathédrale. Même le col relevé, le manteau noir de Phil ne suffit pas à le réchauffer. Son corps musclé, d’habitude si décontracté, reste aujourd’hui tout crispé. Il est horriblement triste et envahi de regrets.

Phil se trouve là, debout, au beau milieu d’inconnus, tous de noir vêtus. On dirait des croque-morts vacillant, sans cesse, dans leurs souliers vernis cloués au sol. Elle connaissait donc tant de monde, lui qui n’avait qu’elle ? Elle était donc tant aimée, lui qui n’aimait qu’elle ? Mais, a-t-il su déjà lui dire vraiment ?
Aujourd’hui, il est là tout penaud, perdu dans l’immensité de Notre Dame écoutant vaguement le discours d’adieu…

Au bout de la nef, trône le cercueil, sous des milliers de fleurs. A droite, sur un chevalet : son portrait souriant et rayonnant, en format XXL. C’est insoutenable ! Elle est là et pas là. Dieu l’a rappelé auprès des siens, soi-disant parce que, justement, elle a une belle âme. Mais, bon sang ! Faut-il donc être mauvais pour régner sur terre ? Pourquoi tous ces discours ? Pour nous rassurer sur le grand départ ? Pourquoi toute cette ostentation pour dire adieu ?

D’ailleurs, elle n’est pas partie. Phil est avec elle ; il lui tend la main et elle ne veut plus la lâcher même si, doucement, il sent qu’elle va s’évaporer. Il n’en peut plus de cette immobilité et de ses reniflements incessants. Non ! Il ne fera pas comme tous ces hypocrites qui sortent leur kleenex et qui s’essuient les yeux, à tour de bras. Il parait que pleurer un bon coup, ça fait du bien pour redémarrer dans la vie… A d’autres ! Lui qui aimait tant la retrouver.

Elle était une folle de sport, de performance ; mais aussi un petit bout de femme merveilleux. Elle était si généreuse, si aimante, si amante. Aujourd’hui, il entend dire qu’elle était une poigne de fer, dans un gant de velours. Pour lui, elle n’était que velours.

De loin, Phil aperçoit, au premier rang, celui qui aurait pu être son beau-père, si ce dernier n’avait pas ignoré leur liaison : Paul. Paul, le banquier, pour qui « le qu’en dira-t-on » est toute sa raison. Aujourd’hui, il est là, debout, raide et impassible, regardant, dans le vide, le terrible vide de sa vie. Plus rien n’existe. Il est seul, au milieu des fidèles. Il est seul, avec son désespoir.
Phil a de la haine pour lui ; on dirait que Paul n’a même pas mal. Et pourtant, lui aussi l’aimait ; il l’aimait comme un père qui souhaite le meilleur pour sa fille. Seulement rien n’était jamais suffisamment à la hauteur.
De sa place, Phil aperçoit la masse des têtes courbées, puis le dos du père malheureux, puis le visage souriant, en papier glacé. Il a envie de pleurer, de crier, d’hurler.


Phil lève les yeux au ciel. Un rayon de soleil arrive à percer la rosace de Notre Dame. Son visage s’éclaire doucement, puis s’illumine. Phil sourit.