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Bonjour chère lectrice, cher lecteur,

Ecrire pour moi est comme une respiration.
Je suis simple amatrice mais c'est avec plaisir que je partage ces quelques textes qui, je l'espère, vous toucheront.
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Bonne lecture !

Babeth


vendredi 11 novembre 2011

OBSESSION

Omniprésent, omni absent,
Elle pense à lui, ici sans lui.

Omniprésent, omni absent,
Elle se souvient des beaux matins.


Omniprésent, omni absent,
Elle attend lasse ce regard là.

MISS BLUE EYE

L’heure est venue pour moi de prendre le large.
Il faut me comprendre même si vous ne pouvez pas comprendre. Nous ne sommes pas du même monde. Enfin, vous voyez ce que je veux dire…

Quand le temps passe trop vite, c’est avec mes amis. Quand le temps ne passe pas, c’est quand je suis là.

Tic tac, tic tac résonne la pendule de mon cœur.
Tic tac, tic tac, ainsi passent les heures.
Les secondes coulent et s’écoulent lentement dans le filtre de mes journées Lycée. C’est comme un goutte à goutte interminable qui me rend minable.
Moi, je rêve d’un temps infini où tout serait permis. Plus de réveil, plus de pendule ! Juste le silence du temps qui passe délicieusement dans un Pays Choisi.

Quel Pays ? Me direz-vous. Mon Paradis à moi. Je ne le connais pas encore mais je sais qu’il existe un endroit pour les filles comme moi qui rêvent de liberté, d’amour et d’amitié.
Et pour le trouver, je dois vous quitter. Non, ne pleurez pas ! Dans quelques années, je reviendrai le cœur léger. Et je pourrai vous raconter.

Mon sac est prêt.
Je m’en vais. Et, NON ! Je n’ai pas oublié les clefs de la maison.

Tchou !

AUJOURD'HUI UN HOMME EST MORT

1.


Rose rouge
Rouge baiser

Seul sur la scène
Scène madrilène

Sous la lumière
Lumière d’étoiles
Dans la nuit noire

Rouge
Nuit
Rose
Etoiles
Scène
Lumière
Seul
Baiser
Noir
Madrilène

Madrilène
Noir
Baiser
Seul
Lumière
Scène
Etoiles
Rose
Nuit
Rouge

Rouge
Nuit
Rose
Etoiles
Scène
Lumière
Seul
Baiser
Noir
Madrilène


Silence total
Totalement tu

Trois coups frappés
Frappés au cœur.

Ca va commencer...




2.



Les douze coups de minuit sonnent au carillon.
Une foule d’hommes et de femmes, en rouge, noir ou blanc, envahissent la scène. Cris, embrassades, rires et pleurs fusent de tous côtés. Aujourd’hui, un homme est mort ; John Fitzgerald Kennedy a été lâchement assassiné, à l’autre bout du monde. Toute l’Espagne est sous le choc mais rien ne peut empêcher ce peuple de vivre ses traditions. Ainsi, tout ce petit monde disparait en se précipitant vers les arènes pour assister à la corrida du nouveau siècle qui commence.

Seule et momentanément abandonnée, Dalida « bella » reste là complètement muette et perdue. Les deux mains posées sur sa poitrine, elle tente de calmer les palpitations de son cœur affolé. Elle sait que ces battements crescendo traduisent une peur panique et en même temps une certaine impatience délicieuse ; il faut l’avouer.
Comme à chaque fois, quand Diego « le torero sans peur » se lance dans l’arène, c’est une crainte incontrôlable qui se réveille en elle. Tout son corps se glace et se met à trembler sous sa robe rouge flamenca parsemée de pastilles blanches immaculées. Elle a beau se résonner que cette personne n’est rien pour elle (d’ailleurs il ne la connait même pas), elle ne peut s’empêcher de penser à lui.

Mais que se passe-t-il ? Pourquoi tant de chichis ? Il y a tellement de gens sur terre et il a fallu qu’elle se focalise sur celui-ci qui risque sa vie, à longueur de temps, et dont c’est peut-être déjà les dernières heures d’une vie tumultueuse. Dans quelques minutes, il paradera sur la piste, seul, face au taureau à jouer avec la mort. Comme à chaque fois, cette scène l’écœurera à cause du sang, de la bestialité, de la vanité et de l’honneur plus fort que tout. Comme à chaque fois, cette scène la fascinera par la beauté des gestes, par les paillettes et par la chance, maitresse du destin.
Il est tout ce qu’elle déteste : il est fier, bêtement adulé et assassin d’animaux innocents. Et pourtant, il illumine ses rêves...

La tradition veut qu’une jeune fille de vingt ans lui apporte une coupe de champagne dans sa loge, pour lui porter chance ; une heure avant sa rencontre avec la bête. Le choix de l’heureuse élue est le fruit du hasard. Le torero pioche, à l’aveugle, sur un plateau d’argent, un des petits papiers où sont inscrits tous les noms des demoiselles concernées, de la ville.

Et cette fois elle vient d’apprendre que c’est elle qui est l’heureuse élue. Oui, c’est elle que le destin a choisi pour accomplir cette mission sacrée ! Et Dalida « bella » bénit ce plateau martelé qu’elle garde serré contre son cœur. Car, à l’annonce de la nouvelle,  elle s’est précipitée à la bodega. Et là, abandonné sur une table se trouvait le plateau. Elle a su se faufiler discrètement, au milieu des habitués pour récupérer l’objet fétiche, effleuré par Diego, « le torero sans peur ». Possédée par le diable ou par la passion, elle s’est emparée de ce trésor pour ne plus s’en séparer.
Le soir venu, à l’heure du coucher, à l’heure où les paupières se ferment malgré une furieuse envie de vivre déjà demain, elle a glissé son précieux butin sous son oreiller. Et là, allongée sur son lit, elle a pu s’endormir tout près de lui, un léger sourire esquissé sur ses lèvres.
Au réveil, elle savait que cet objet brillant ne la quitterait plus et qu’il serait le trait d’union entre elle et lui.



3.



Aujourd’hui un homme est mort.

Les lourdes portes de l’arène s’ouvrent enfin. Après d’interminables heures d’attente, la corrida va, enfin, pouvoir commencer. Il faut dire que les rares télévisions des cafés espagnols environnants viennent de retransmettre la terrible nouvelle. Le président des Etats-Unis, John Fitzgerald Kennedy vient d’être assassiné en pleine parade. Le monde entier est sous le choc et l’Espagne aussi. Les hommes restent abasourdis tandis que les femmes sont déjà en pleurs. C’est la stupéfaction, l’incompréhension, la tristesse.

Comme des automates, la tête basse, la foule se rassemble pour avancer doucement et s’installer dans les gradins. Chacun évoque son ressenti, chacun écoute sans écouter, chacun est ailleurs.

Diego, le torero « sin miedo » (« sans peur ») est également choqué. Comment un homme d’une telle valeur a pu être lâchement massacré ? C’est monstrueux, injuste et révoltant !
Il faut qu’il se calme, qu’il se recentre sur lui-même pour affronter la bête. Il réfléchira plus tard à l’incohérence de ce geste. Diego entre majestueusement dans l’arène accompagné par la fidèle fanfare sévillane. Puis, c’est le silence total. Les gradins sont bondés et pourtant les spectateurs restent muets avec un mélange de tristesse et de respect.
Le taureau, cornes en avant, est déjà au centre de la piste, immobile. Seul le bruit de ses sabots raclant le sol et soulevant la poussière est perceptible. Comme à son habitude, Diego cabré en forme de S, le bras droit agitant fièrement la cape rouge écarlate, avance. Son port de tête est fier et son regard perçant ne fixe que la bête ; droit dans les yeux. Seules ses jambes élastiques avancent gracieusement, au ralenti.
Il sait que le taureau sait. La mort plane au-dessus de leurs têtes et c’est ce danger là qui est grisant. C’est cette présence invisible qui apporte le piment à ces instants entre l’homme, la bête et les autres. Mais comme, à son habitude, Diego va d’abord s’amuser un peu et élaborer la danse face à face, calculée et improvisée, palpitante et macabre. Il va faire son numéro, son show si attendu et si apprécié des aficionados.

Aujourd’hui un homme est mort. Un homme admirable et admiré par toute la planète. Et Diego a du mal à se concentrer. John Kennedy ne méritait pas de mourir si tôt. Il avait encore tant de choses à faire. Lui aussi d’ailleurs, il a tant de rêves.
Mais qu’est-ce qu’il fout ici ? Quel sens a sa vie ? Distraire la compagnie en tuant et en se faisant payer pour ça ? Comment a-t’il pu en arriver là ? Dans sa famille ; on est torero de père en fils et tout cela lui paraissait naturel, jusqu’à aujourd’hui, où John est mort.

La jeune demoiselle qui lui a apporté sa traditionnelle coupe de champagne ne l’a pas laissé indifférent. Avec délicatesse, elle lui a remis son verre, en le regardant fixement avec ses yeux de biche attendrie. Et pour la première fois, il a senti les battements de son cœur s’accélérer, sans pouvoir les contrôler. Puis rapidement, elle s’est éclipsée dans sa belle robe rouge flamenca aux pastilles blanches immaculées, en laissant une enveloppe sur le fameux plateau d’argent.
Surpris, Diego la décachète et peut y lire ces quelques mots. « Je suis de tout cœur avec vous. Et je sais que vous saurez faire le bon choix »… Il ne la connait pas et pourtant il sent qu’elle prend déjà toute la place dans sa vie.

Sa mission n’est plus de tuer mais d’aimer. D’ailleurs, à cet instant, le taureau lit dans ses pensées car il ne bouge toujours pas comme s’il n’a plus rien à craindre. Diego non plus et le public également. Il lui devient même impossible de jouer à faire le torero « sin miedo ». Tous ces gestes accompagnées des « hey toro, toro ! »« olé, olé ! », « arriva, riva riva ! » resemblent à ceux d’un pantin inconnu.
Tout à coup, sans réfléchir, après avoir fait trois tours de piste d’un pas rapide, il se décide à saluer la compagnie en levant son couvre-chef, puis à foncer  tout près du taureau pour s’agenouiller et lui accorder un franc baiser sur le museau. Sans que l’animal gracié ait le temps de réagir, il se relève promptement, lui adresse sa plus belle révérence et sous l’œil du public, consterné et stupéfait, Diego tourne les talons et quitte majestueusement l’arène, pour la dernière fois.

EN DIRECT

« Nous sommes en direct de Pointe à Pitre, il est 19h00 heure locale »

Le grand écran de Catherine Guilman illumine son salon flambant neuf. Il est 7h00 du matin ; la France s’éveille.

« Nous pouvons voir des guadeloupéens arriver de toute part sur la place principale. La majeure partie de la population semble présente et la foule devient de plus en plus compacte. Maintenant, la tension est à son comble et les forces de l’ordre ont de plus en plus de mal à retenir les barrières, vu le nombre grandissant de manifestants. Ici, tout le monde est à bout et les renforts tardent à se venir. Il semblerait qu’une partie des CRS soit encore bloquée à Fort de France... »

Catherine, encore en nuisette à frou-frou, est assise sur son nouveau canapé en alcantara bleu turquoise. Tout en admirant sa télé, elle caresse, d’une main satisfaite, sa nouvelle acquisition au toucher peau de pêche. De l’autre, elle tient précautionneusement son thé au citron. Elle est détendue.

« Toujours pas de signe de vie des renforts ! Les forces de l’ordre n’en peuvent plus et ont de plus en plus de mal à contenir la foule devenue hystérique. Plusieurs manifestants tentent d’enjamber les barrières métalliques. En dernier recours, les policiers tentent de se donner la main pour empêcher le passage. Une véritable chaine humaine se met en place.
Malheureusement rien n’y fait et les risques de bousculade sont très présents. Regardez cette femme qui hurle, en tenant son bébé en l’air ; elle veut tenter de passer coute que coute. Il serait peut-être bon de faire une exception et de la laisser passer. Mais un jeune militaire, enfin arrivé sur place en renfort, met un point d’honneur à la bloquer. C’est l’incompréhension totale ! »

Catherine regarde sa montre ; elle a encore quelques minutes pour terminer son thé. Elle se lève, se dirige vers le poste et baisse complètement le son. C’est vraiment trop de bruit dans les oreilles pour démarrer une si belle journée. Elle se contentera des images.
Il faut dire qu’elle a été enfin nommée nouvelle responsable de la bibliothèque scolaire. Pour sa première journée avec les mamans bénévoles, il va falloir qu’elle assure ! Etape numéro un : se concentrer. Comment va-t-elle s’habiller ? Alors elle se dirige vers la fenêtre pour voir le temps qu’il fait et trouver l’inspiration. Le soleil brille déjà.

Dans son dos, les personnages continuent de se débattre dans l’écran plat 127 cm. Comme une danse macabre, sans musique, la mère impatiente et énervée envoie, de toutes ces forces, un coup de poing dans le visage du militaire resté impassible. Le choc inattendu est tel que ce dernier est projeté en arrière et bascule sur l’asphalte. Immédiatement, il ramène sa main sur son œil droit déjà sanguinolent tandis que sa bouche se tord dans tous les sens. Puis sans réfléchir, il s’agenouille, porte la main à sa cheville, sous son pantalon, pour sortir son fidèle couteau. Il se relève, sans peur, en bombant le torse et se dirige droit vers cette femme indomptable. Alors, sans réfléchir, sans hésitation, il lui plante la lame aiguisée droit dans le cœur...
En direct, sous l’œil des caméras, la femme tombe à terre comme une lourde poupée de chiffons. Le bébé emmitouflé chute mollement des bras de sa mère vers le sol. Allongé sur le dos, seul son visage rose est visible avec sa petite bouche qui s’ouvre et se ferme comme celle des poissons rouge.
La foule devenue silencieuse est choquée et forme un grand cercle immobile autour de la scène. Le militaire paniqué, profite de ce bref répit pour prendre ses jambes à son coup et s’enfuir le plus loin possible.

Ca y est ! Catherine a trouvé. Elle mettra sa petite jupe boule avec un caraco en dentelle. Vite, elle se retourne et va éteindre la télé. Elle peut encore apercevoir à l’image, deux militaires tenant dans leurs bras un joli petit bébé ; un peu braillard tout de même.
Elle s’attendrit un court instant. Éteint le poste. Puis elle a une idée... Et elle se dit que ce soir, il faut qu’elle en parle à son mari.

« Et si on faisait un bébé ? ».

BONJOUR – JOUR BON

Bonjour, jour bon à tous mes chers concitoyens !

Aujourd’hui, j’ai l’immense plaisir de célébrer le mariage de Gaspard (mon fils chéri et futur bon médecin j’espère) et de notre chère Antoinette, toute mignonette.

Pourtant, comme vous le savez tous, le mariage n’est pas mon fort. Autant en politique, cela fait vingt ans que je suis fidèle à mes principes et que j’ai de vraies convictions ; autant en amour, je n’ai pas de règles. Habituellement, je ne m’étends pas sur le sujet et cependant, mes très chers, cela nous concerne tous. Car sans amour, nous ne sommes pas heureux, sans amour nous ne pouvons avancer dans la vie, sans amour, nous ne pouvons pas aimer à notre tour. En ce qui me concerne, vous savez que je n’ai jamais pu me fixer durablement car il y a tellement de belles femmes à aimer... N’ayez crainte Messieurs, je parle avant tout des célibataires, des divorcées ou des veuves ; cela fait déjà un sacré choix. Mais j’ai toujours de l’admiration pour ces personnes qui s’engagent officiellement dans l’aventure unique de leur couple et qui s’accroche à cette histoire  jusqu’à la fin de leurs jours. Et là je m’adresse à tous les mariés de notre village ; comment faites-vous pour y croire ? Comment faites-vous pour durer ? Quel est votre secret ?
C’est donc avec cette part de mystère que j’enchaine avec nos jeunes mariés, ici présents.


Moi, Marcel, maire de ce village, j’ai donc la grande joie d’unir Gaspard LUCENAY ici présent à Antoinette MICHEL, en ce jour divin : dimanche 2 août 1997.

Ma Toinette, je te connais depuis toute petite et malheureusement tes chers parents ne sont plus là pour être témoins de ce jour béni. Enfin tu t’es décidée ! Pourtant tu avais le choix entre Domi, Raoul, Fetnat et André. Mais c’est Gaspard que tu as choisi ; bien t’en a pris ! Le souci, c’est que tu es très jolie et pas seulement aujourd’hui. Fini la bamboula à droite à gauche ; il va te falloir devenir femme raisonnable et responsable. Aujourd’hui tu es toute en beauté dans ta robe soyeuse, couleur ivoire, et ton parfum exotique nous embaume... D’ailleurs ton témoin Fetnat l’a bien remarqué... N’est-ce pas Fetnat ? Veux-tu bien te décoller légèrement de la mariée car ce n’est pas ta noce. Ok ?

Et toi Gaspard, arrête de loucher sur Gladys ! On n’est pas en disco zouk en train de chercher avec qui on va danser la biguine. On est à ton mariage. Et je te préviens, il va te falloir assurer pour la vie. Je ne t’ai pas acheté un costume spécial à trois mille euros, uniquement pour que tu sois beau quelques heures ! J’ai investi sur ton couple car il était temps que tu quittes la maison.
Prend exemple, non pas sur moi, mais sur ton témoin Barack. Il est vraiment devenu quelqu’un et sa femme Michèle l’admire, le soutient et le chérit à longueur de temps.
Maintenant que tu as ton diplôme de médecin en poche, il va falloir le mettre en pratique rapidement pour gagner ta vie, votre vie. Je fais confiance à Antoinette pour gérer la maison et tous vos enfants à venir. D’ailleurs, à ce sujet, ne tardez pas trop pour que je puisse en profiter.

Et maintenant, clôturons au plus vite car le soleil chauffe, le ti punch nous attend et Margarita me fait signe que le poulet coco est à point.

Alors prêt pour la grande aventure ?
Gaspard, as-tu bien réfléchi ? Jures-tu, à présent, de ne regarder que ta femme, de l’aimer, de la chérir et de lui rester fidèle toute la vie ? Oui ?
Toinette, es-tu sûre de ton choix et d’aimer Gaspard, à jamais, avec ses défauts (flambeur, noceur, dragueur) et aussi, bien entendu, avec toutes ses qualités, que tu connais mieux que moi ? Oui ?

Je vous déclare donc mari et femme pour le meilleur et pour le pire.
Vive les mariés !
En avant la musique ! Et que la fête commence !

L'AMOUR

- Dis-moi Papa ? Comment fais-tu pour l’avoir ?

- C’est très simple mon fils ; j’assure le quotidien, je rassure, je sécurise et il me tombe dans les bras.

- Alors là cher gendre, vous êtes un peu trop simpliste ! Car depuis des années j’ai fonctionné comme vous et je sais qu’il faut plus de finesse.

- Mais je vous assure. Ca marche à tous les coups. Oui quelquefois, il est vrai qu’il faut rajouter un peu de piment, un peu de surprise. Une ou deux fois par an suffit pour le garder.

- N’oubliez pas aussi sa liberté car à trop barricader et à trop posséder, il peut disparaitre.

- Je suis confiant.

- Vous savez, je l’ai déjà vu partir plus vite que vous ne croyez. S’il se trouve auprès d’une personne à la belle âme et de surcroit aventurière, le voilà qui vous échappe.
Suivez mes conseils, très cher : bichonnez-le, protégez-le et surtout aimez-le avec votre cœur. Dans ce domaine, il n’y a pas d’assurance, il n’y a pas de certitude. Sachez donner le vôtre sans rien attendre en retour et vous garderez surement le sien.
A trop vouloir, on se perd ; à bon savoir, on est fier !

- Il est vrai que de temps en temps, je constate qu’il a légèrement bougé et une ou deux fois, j’ai cru l’avoir perdu. Mais il est toujours revenu !
Merci pour les conseils chère belle-mère. Je ne manquerai pas d’y songer, et de m’améliorer pour le garder.

- Pas de quoi. Car vous le méritez.

- Et moi Papa, comment je peux faire pour l’avoir ?

- Toi, mon fils, tu l’as toujours eu. Il est tellement près de toi que tu ne le vois même pas. Moi petit, j’ai perdu celui de ma mère et c’est à ce moment là que j’ai réalisé combien il me manquait.
Toi, il ne te quittera jamais ! Je le sais, j’en suis sûr ; il sera toujours à tes côtés ou que tu ailles, quoi que tu fasses. Et pour te rassurer, sache que tu l’as même en double : le sien et le mien.

MAL AIMER

Henri est mal aimé
Mal aimé par sa femme
Trop indépendante
Mal aimé par son amante
Prénommée Rolande
Et bien trop cinglante

Scarlett est mal aimée
Mal aimée par son patron
Prénommé Henri
Avec elle il est pression
Il est tension
Il est mauvaise passion

Elle sait résister
Il ne peut supporter

Henri est révolté et dégouté
Il veut se tuer
Il n’est pas prêt

Marc est léger et distrait
Il est aimé d’Henri
Et veut l’aider à s’aimer
Il faut le sortir des ses mauvais désirs
Il faut lui dire d’en finir

Henri est décidé
Il va jouer serré

Scarlett a un bébé
Une jolie petite fille noire
Aimée dans la joie et dans l’espoir

Il ne peut supporter
Il décide de l’enlever

Visite de Scarlett et de son bébé
Dans sa demeure privée
Il ouvre la porte et la ligote
Sa moto démarre avec cette chose noire
Qui fait tout un tintamarre

Il roule et déboule devant la gare
Cette fois c’est fini
Il n’y aura plus de petit entre Scarlett et lui

La petite Soraya est aimée
Aimée par sa maman éloignée
La petite Soraya est pleurée
Pleurée par sa maman ligotée

Soraya sourit dans le train de son nouveau destin

Tant qu’une noire beauté l’habitera
Elle s’en tirera !

LE BAISER

Baiser volé au coin d’une rue, sans se connaitre, sans se soucier du passé, sans se mettre à rêver.
C’est nous, c’est Vous.

Baiser d’amour passionné, derrière le mur du lycée, outrant les passants intransigeants, qui tournent la tête, en espérant.
C’est nous, c’est Vous.

Baiser interdit de nos vies planifiées et mariées, échangé secrètement entre l’amante et l’amant.
C’est nous, c’est Vous.

Baiser violé furieusement, qui blesse et qui glace, celle qui ne faisait que passer le long du muret.
C’est nous, c’est Vous.

Baiser d’adieu à l’être aimé puis détesté pour tout ce qui n’a pas été.
C’est nous, c’est Vous.

Baiser mortel de deux fidèles, se quittant à jamais pour l’au-delà, pour l’éternel.
C’est nous, c’est Vous.

Baiser voilé,
Baiser discret,
Tendre Baiser.
Ce sera nous, ce sera Vous.

COTE BUVARD

Alors moi, mon truc, ce sont les petites blanches bien épaisses et bien granuleuses. Celles qui ont de la matière, qui sont à l’état brut et dont on peut encore sentir les douces nervures. La cerise sur le gâteau c’est quand elles sont incrustées de pétales de rose séchés. Alors là, elles m’embaument tout entier et me rendent fou...

Mais aujourd’hui, ce n’est pas le top car Catherine m’a collé près d’une toute petite mince, presque glacée et bien trop brillante pour m’éblouir. Par contre, l’inconnue qui vient de me toucher, semble hypnotisée par sa blancheur immaculée... Et moi je suis rose ! 
Heureusement, mes potes de « l’écriture à l’ancienne » sont là ! On va pouvoir s’éclater un peu s’il y a suffisamment d’encre à boire. Alors, pourvu qu’il y ait de la tâche ! Pourvu que la fille soit maladroite ! De plus, je commence à avoir sérieusement froid sur cette table carrelée et jaune moutarde. J’en ai les poils tout hérissés. Malheureusement il va falloir patienter car l’inconnue s’applique avec Miss Plume et la petite feuille a plus de qualités que je ne pensais. Malgré sa brillance insolente, elle arrive à absorber toute l’encre déposée. Plus rien à aspirer !

Et moi, je reste là, ridicule dans mon complet velouté rose intact.
La jeune fille m’attrape enfin pour me poser sur la belle blanche. Mais j’ai beau la plaquer, il n’y a plus rien à pomper. L’encre a bel et bien séché.

C’est ainsi que doucement je me fais rare, c’est l’effet Buvard !

COTE PAPIER

Depuis deux ans, je suis sur l’étagère. C’est vraiment la galère ! Je suis coincée, avec mes sœurs jumelles, entre les bouquins poussiéreux et les plumes tâchées d’encre.

Moi, je mérite mieux !

Aujourd’hui c’est le grand jour. J’ai été choisie avec dix sœurs pour le plaisir d’écrire. Catherine m’a déposé délicatement sur une vieille nappe blanche. Attention, plus blanche que moi, tu meurs !
Mais que vois-je ? Les plumes dégeu avec tout leur attirail d’encres plus ou moins nobles. Et puis il ya tous ces objets insolites déposés par des femmes et un homme venus d’ailleurs.
Là, je ne suis pas du tout rassurée ; j’ai très peur d’être pliée, froissée ou déchirée et mes sœurs immobiles n’en pensent pas moins. Nous devenons livides.

Une main se pose sur moi. Qui est-ce ? Une inconnue...
Elle m’emmène sur une table carrelée, froide et jaune moutarde. Je déteste et je peste. De plus, elle ramène près de moi une petite bouteille d’encre séchée. Super ! Elle ne peut pas l’ouvrir ; elle en prend une deuxième, même scénario ; une troisième pareil mais là Catherine y arrive. Je vais donc y passer.

En effet, maintenant déboule rapidement la plume équipée et acérée. Pourvu qu’elle soit douce ! Pourvu que la fille sache écrire ! A t’elle remarqué comme je suis lisse, belle et lumineuse ? Recto verso, s’il vous plait. Je ne suis pas du bas de gamme et ça se respecte.
Alors, attention jeune fille à ce que tu vas écrire car je ne tiens pas du tout à atterrir dans une poubelle.

La main tremblante s’approche de moi, s’applique maladroitement et commence à tracer ses mots avec délicatesse. Mon grain de papier est touché et la sensation est frisson. C’est une belle surprise, une belle émotion.
La plume trempée puis ramenée à moi, suit un va et vient plaisant qui me distrait et me complait.
De temps en temps, un beau buvard rose m’effleure et en profite pour me rassurer avec sa douce caresse sensuelle.
L’inconnue ne me touche jamais au même endroit. Et ce côté imprévisible m’amuse plus qu’il ne m’inquiète. J’ai même droit à ce plaisir sur les deux faces.

A la fin de la séance, je suis transportée sur une autre table, en verre. Pas mal, mais c’est quoi cette habitude de me poser sur des surfaces froides ?
Car moi, ce que je préfère : c’est l’effet buvard. Pourvu qu’il revienne !

L’inconnue me reprend alors pour lire à ses amis ce qu’elle m’a écrit. A ce moment là, je réalise que grâce à moi, elle Existe. Il faut dire que je ne suis pas peu fière ; je suis papier fier !

DEBANDAGE

Tourne autour de toi-même
Et tire le fil de tes cris.

Arrête de faire semblant !
Arrête de tout cacher !
Arrête de fuir les gens !
Arrête de simuler !

Finies les peaux meurtries !
Finis les faux amis !
Fini de dire tant-pis !
Fini tant de dépit !

Non ! Ce n’est pas ainsi.
Non ! Ce n’est pas la vie.
Non ! Ce n’est pas écrit.

Tourne autour de toi-même
Et tire le film de ta vie,

Pour être l’acteur de ton Cœur.

TEMOIN (le pin)

Parfum de mon enfance,
Tu me poursuis,
Tu me nourris.

Couleur de mes rumeurs,
Tu me souris,
Tu me chéris.

Ecorce de ma force,
Tu es mon âge,
Tu es courage.

Pure sève de mes rêves,
Tu es miroir,
Tu es espoir.

Balance de ma cadence,
Tu me motives,
Tu me rends vive.

Essence de mes sens,
Tu es pour moi,
Tu es en moi.

Témoin de ma Provence,
Tu es ma Providence.





Croute

Rude au toucher,
Douce au doigté.

Rouge au lever,
Noire au coucher.

Dure à gratter,
Douce à humer.

Très simple à dire,
Secrète à lire.

Croute de pin.






Reproduction

Sous ma main,
La croute.

Sous la croute,
La sève.

Sous ma main,
La toile.

Sur la toile,
La croute.


ET SI J’OSAIS

Vie toute faite,
Vie imparfaite,
Je tombe,
Je sombre.

Et si j’osais,
Un jour aimer
Pour mieux aller,
Mieux m’en aller ?
Je serais vraie,
Je serais gaie.

Silence du cœur,
Plein de rancœur,
Je ne sais plus,
Je n’aime plus.

Et si j’osais,
Un jour aller,
Pour mieux vibrer,
Mieux m’ennivrer ?
Je serais vraie,
Je serais gaie.

Douleur du faux,
Des mauvais mots,
Je suis tigresse
Et je m’agresse.

Et si j’osais,
Un soir muer
Pour mieux aimer,
Mieux m’allumer ?
Je serais vraie,
Je serais gaie.

La corde au cou,
Le doute de tout,
Je suis muette...
MAL A LA TETE !

Et si j’osais,
Un au revoir,
Pour mieux y voir,
Mieux dans l’espoir.
Je serais vraie,
Je serais gaie.

J’OSE LE ROSE

J’ose le rose !
Et je prends la pose,
En mini dose
Ou en overdose.

Noir désir et désir noir,
Il n’y a plus d’espoir.

J’ose le rose !
Qui devient ma cause.
C’est une chose
Dont je dispose.

Noir désir et désir noir,
Restent les idées noires.

Ose le rose !
Sans porte close ;
Vis le rose !
D’une fleur éclose.

Noir désir et désir noir,
Terminé le désespoir !

NOIR DESIR

Nuit noire dans la forêt noire,
Panthère noire au regard noir,
Lumière noire dans le miroir.

J’ose le rose ?
En overdose !

Epingle noire dans chignon noir,
Petite robe noire pour accessoire,
Escarpins noirs sur le trottoir,

J’ose le rose !
Je prends la pose.

Toi, moi dans la nuit noire,
Ta peau noire, histoire d’un soir,
Noir désir et désir noir.

PARMI NOUS

Au petit matin, une grande dame de quatre-vingt dix ans, plutôt négligée, les cheveux hirsutes aux pointes noires et aux racines blanches.
Les yeux bleus hagards, en caleçon noir et pull rouge défraichi, elle est perdue dans la rue. Dans les charentaises à carreaux de son mari, elle trottine sans cesse avec son gros oreiller. Ses nombreux va et viens oscillent comme l’aiguille d’un métronome. Ses lèvres bougent continuellement sans sortir de sons. Seule,  de la salive coule lentement le long de ses commissures.

Elle est paniquée et quand elle est dans cet état, elle ne peut s’empêcher de faire pipi sur le champ. D’où, cette odeur permanente d’urine.
Elle ne sait pas comment mais elle a réussi à s’échapper et elle veut aller à l’école. La vieille Bernadette a très peur d’être en retard ! Elle sait qu’elle a bien son cartable sous le bras et ses chaussures mais impossible de se souvenir du chemin de l’école.

Des passants, dans la rue, ne font que passer et la regardent du coin de l’œil tout en pressant le pas pour l’éviter.

A force de tourner en rond, Bernadette s’épuise et s’assoit sur un banc public encore mouillé par la rosée du matin. Immédiatement, elle ferme les yeux et laisse tomber brusquement sa tête en avant, tout en serrant très fort son gros coussin. Elle dort un court laps de temps « infini ».

Le ciel se dégage et les rayons du soleil caressent sa joue. Bernadette ouvre les yeux timidement.
Se découvrant, en chaussons, sur ce banc, elle est totalement surprise. Elle sursaute. Elle ne comprend pas. Elle a honte. Elle jette furtivement un œil à droite et à gauche. Ouf, personne ! Vite vite, elle traverse la rue pour rentrer chez elle.

Ni vue, ni connue !

CABANE INTERIEURE

Après avoir longé la plage pendant plus d’une heure, plus personne. J’ai alors l’impression de me retrouver au bout du monde. Seuls m’accompagnent encore la douceur du sable, le clapotis des vagues, la brûlure du soleil, la caresse du vent et la douce beauté ouatée des nuages.
Tout est calme. Mon regard balaye tout doucement ce plat pays qui semble m’appartenir.

Mais en me retournant, je réalise que je ne suis pas la première personne à être passé par là. Sur les hauteurs d’une grande dune, je peux apercevoir une grande cabane rafistolée et certainement agrandie au fur et à mesure du temps. Ma curiosité est telle que je dois m’approcher !

J’emprunte alors un petit escalier de bois, le long duquel sont délicatement posés des galets blanc, percés par l’érosion de la mer et du sable. Je suis agréablement surprise et je me demande quelle peut bien être la personne qui a pris le temps de rassembler de tels « cailloux » insolites...
Arrivée en haut, je me retrouve sur une petite terrasse en bois, abritée du vent par une barrière de canisses. Cet endroit est plein de charme et quel plaisir de faire une pause sous la pergola où se côtoient plus de dix jasmins différents : des blancs, des jaunes, des roses, des arbustifs et des grimpants. Leurs parfums envoutants me transportent et m’obligent à prendre conscience et à apprécier la pureté de cet instant.

Non seulement, je pense être au bout du monde mais aussi dans un autre monde. Tout semble silencieux. Personne !

Pourtant la porte vitrée de la cabane n’est pas complètement fermée et je peux entendre les différentes sonorités d’une multitude de carillons en bois, accrochés au-dessus de l’entrée. C’est vraiment magique ! Et cette douce mélodie du vent m’invite à pénétrer dans ce lieu, bien que personne ne m’y ait autorisée.
Alors, sans me soucier de l’après, j’avance de cinq pas pour me retrouver dans la cabane.

Tout de suite, une sensation de calme, de bien-être et de sérénité m’envahit. Il faut dire que l’unique pièce est très claire et surtout très surprenante. Tout y est blanc ! Quand je dis blanc, c’est blanc sur blanc ; pas une touche de couleur, pas un objet ou un meuble autre que blanc.
Je me retrouve alors face à moi-même et un peu désorientée. Puis je commence à m’habituer à la grande clarté de ce lieu. Et je découvre volontiers chaque recoin de la pièce.

Au sol, un plancher de bois usé blanchi. Accrochés aux murs, une série de cadres vides aux formes très variées mais tous blanc. Sur le canapé, couleur neige, de nombreux coussins en feutrine en forme de carrés, de cercles ou de triangles, eux aussi percés d’un trou et blanc, bien entendu.
Sur la table basse, posés pêle-mêle, des petits galets en forme de cœur. Et sur la cheminée, toute une enfilade de bougies piliers ; chacune à des hauteurs différentes, en fonction de leur utilisation, mais toutes avec cette forte odeur exotique de jasmin.
C’est ce même parfum que je retrouve dans les dix savons ronds qui entourent le petit lavabo du coin mi-toilette mi-cuisine. Même sur la table principale trône une suite royale de pots en porcelaine blanche contenant chacun une orchidée blanche.

Tout laisse à penser que cet endroit est habité par une personne simple, raffinée et aspirant au recueillement. Quand elle y vient, elle doit sûrement s’adonner au modelage. Preuve en est la vingtaine de petits bustes féminins en plâtre qui reposent le long de la baie vitrée et qui ne demandent qu’à prendre vie.

Difficile de sortir d’un tel endroit.
Je réalise ainsi que chaque blanc a un sens. Et selon où je me trouve, il me renvoie toujours une lumière différente et me distille ainsi, au compte-goutte, quelques  révélations essentielles sur moi-même.

Alors, avant de partir, je décide de fermer les yeux très forts pour m’imprégner de tous les détails de cette cabane poétique.
Riche de toutes ces images, je rouvre les yeux et, à mon grand étonnement, je me retrouve, de nouveau, sur le sable, face à la mer omniprésente. Intriguée, je me retourne et je peux apercevoir simplement les douces courbes des dunes infinies.
La cabane n’est plus...