VOTRE RESSENTI M'INTERESSE

Bonjour chère lectrice, cher lecteur,

Ecrire pour moi est comme une respiration.
Je suis simple amatrice mais c'est avec plaisir que je partage ces quelques textes qui, je l'espère, vous toucheront.
N'hésitez pas à cliquer sur l'onglet COMMENTAIRES pour me livrer vos premières impressions. Et si le coeur vous en dit, devenez MEMBRE de mon blog pour être informé des nouveautés.

Bonne lecture !

Babeth


vendredi 11 novembre 2011

EN DIRECT

« Nous sommes en direct de Pointe à Pitre, il est 19h00 heure locale »

Le grand écran de Catherine Guilman illumine son salon flambant neuf. Il est 7h00 du matin ; la France s’éveille.

« Nous pouvons voir des guadeloupéens arriver de toute part sur la place principale. La majeure partie de la population semble présente et la foule devient de plus en plus compacte. Maintenant, la tension est à son comble et les forces de l’ordre ont de plus en plus de mal à retenir les barrières, vu le nombre grandissant de manifestants. Ici, tout le monde est à bout et les renforts tardent à se venir. Il semblerait qu’une partie des CRS soit encore bloquée à Fort de France... »

Catherine, encore en nuisette à frou-frou, est assise sur son nouveau canapé en alcantara bleu turquoise. Tout en admirant sa télé, elle caresse, d’une main satisfaite, sa nouvelle acquisition au toucher peau de pêche. De l’autre, elle tient précautionneusement son thé au citron. Elle est détendue.

« Toujours pas de signe de vie des renforts ! Les forces de l’ordre n’en peuvent plus et ont de plus en plus de mal à contenir la foule devenue hystérique. Plusieurs manifestants tentent d’enjamber les barrières métalliques. En dernier recours, les policiers tentent de se donner la main pour empêcher le passage. Une véritable chaine humaine se met en place.
Malheureusement rien n’y fait et les risques de bousculade sont très présents. Regardez cette femme qui hurle, en tenant son bébé en l’air ; elle veut tenter de passer coute que coute. Il serait peut-être bon de faire une exception et de la laisser passer. Mais un jeune militaire, enfin arrivé sur place en renfort, met un point d’honneur à la bloquer. C’est l’incompréhension totale ! »

Catherine regarde sa montre ; elle a encore quelques minutes pour terminer son thé. Elle se lève, se dirige vers le poste et baisse complètement le son. C’est vraiment trop de bruit dans les oreilles pour démarrer une si belle journée. Elle se contentera des images.
Il faut dire qu’elle a été enfin nommée nouvelle responsable de la bibliothèque scolaire. Pour sa première journée avec les mamans bénévoles, il va falloir qu’elle assure ! Etape numéro un : se concentrer. Comment va-t-elle s’habiller ? Alors elle se dirige vers la fenêtre pour voir le temps qu’il fait et trouver l’inspiration. Le soleil brille déjà.

Dans son dos, les personnages continuent de se débattre dans l’écran plat 127 cm. Comme une danse macabre, sans musique, la mère impatiente et énervée envoie, de toutes ces forces, un coup de poing dans le visage du militaire resté impassible. Le choc inattendu est tel que ce dernier est projeté en arrière et bascule sur l’asphalte. Immédiatement, il ramène sa main sur son œil droit déjà sanguinolent tandis que sa bouche se tord dans tous les sens. Puis sans réfléchir, il s’agenouille, porte la main à sa cheville, sous son pantalon, pour sortir son fidèle couteau. Il se relève, sans peur, en bombant le torse et se dirige droit vers cette femme indomptable. Alors, sans réfléchir, sans hésitation, il lui plante la lame aiguisée droit dans le cœur...
En direct, sous l’œil des caméras, la femme tombe à terre comme une lourde poupée de chiffons. Le bébé emmitouflé chute mollement des bras de sa mère vers le sol. Allongé sur le dos, seul son visage rose est visible avec sa petite bouche qui s’ouvre et se ferme comme celle des poissons rouge.
La foule devenue silencieuse est choquée et forme un grand cercle immobile autour de la scène. Le militaire paniqué, profite de ce bref répit pour prendre ses jambes à son coup et s’enfuir le plus loin possible.

Ca y est ! Catherine a trouvé. Elle mettra sa petite jupe boule avec un caraco en dentelle. Vite, elle se retourne et va éteindre la télé. Elle peut encore apercevoir à l’image, deux militaires tenant dans leurs bras un joli petit bébé ; un peu braillard tout de même.
Elle s’attendrit un court instant. Éteint le poste. Puis elle a une idée... Et elle se dit que ce soir, il faut qu’elle en parle à son mari.

« Et si on faisait un bébé ? ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire